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Inti Salas Rossenbach

Un voyage

Amérique ; bientôt j’irai naviguer là-bas
Toiser un sens primitif de mon existence
Errer là-bas, si loin, si proche Patagonia
Mers, terres de révolte, trompeurs caps d’impatience

Du kayak je ferai une peau, mon seul amer
Croiser hommes et glaciers, explorer sans gage
Je suis homme, je pose ma main au creux des sillages
Fragile et proche cicatrice, toujours éphémère

Indécentes frontières, il faut tout parcourir
A ma mesure, enlacer et tenir le monde
Mais amère est l’éclipse de mes amours-sourires
Lèvres absentes dont, déjà, l’écho m’inonde

Si le voyage est au-delà du mouvement
C’est au cœur d’une certaine fleur que loge l’injonction
De relire la ville en mer, réfléchir l’action
La solitude accompagnée, l’éthique, le temps

Penser, nu et trempé, les civilisations ?
Nul besoin pour ce faire, certes, d’aller là-bas
Simple dette, exigeante et gironde addiction
Cardinale appétence, cette fois, se publia

Indifférente nature et plaisirs désuets
Sombres nostalgies, étoupes et joies du présent
Contre les absurdes qui dominent, bâtir du sens
Calfatage ; mais je sais ce que j’y trouverai

La source intime est brute, mate et sensuelle
Parcourir l’ailleurs, avant qu’il ne soit bien tard
Explorer un délicat corset naturel
Et revenir, retrouver mes amours épars