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Histoires d’ici et d’ailleurs

Luis Sepúlveda

25 textes de Luis Sepúlveda réunis dans ces Histoires d’ici et d’ailleurs, dont la plupart sont déjà parus dans le journal La Montagne.

On y retrouve l’espièglerie narrative de Sepúlveda et sa joie du récit, son plaisir à raconter. Des situations baroques, des personnages campés en quelques lignes, des conclusions en pied de nez, le tout emporté par un rythme toujours très juste. Et c’est peut-être par cet aspect que je ressens un manque : Sepúlveda sait écrire, trop bien écrire. Le sentiment que trop souvent, il raconte pour raconter, il nous émerveille pour l’instant fugace d’un sourire. Noble ambition !, noble quête ! et agréable réussite. Merci monsieur Sepúlveda, mais encore ?

Si pour l’auteur tout semble être sujet à récit – ce à quoi j’abonde et ce qui me fait admirer Luis Sepúlveda –, tout n’a pas malheureusement la capacité à tenir la force de l’écrit, le poids du papier, l’irréversibilité de l’encre. Une scénette bien tournée n’en reste pas moins une scénette. Je n’arrive pas à comprendre ce que l’auteur, au-delà de l’histoire, me dit.

Un univers ? Au fil de ses livres apparaît un espace imaginaire, fantasmé et que fantasmé, où les méchant existent mais sont repoussés hors du périmètre et où chaque être est exceptionnel par son sagace bon sens. Mais un univers flou car la singularité des personnages ne nous propose que l’exception au décors. Mais où est le décors ? Où est la normalité, la vie banale de l’univers ?

Des personnages ? Une histoire, quelques pages, et puis s’en vont. En une apparition si fugitive, ils ne sont qu’agréables rencontres, plaisantes compagnies d’un soir. Je ne fais pas mienne leur chair, les salue seulement et espère les retrouver à l’occasion, si le cœur leur en dit, car demain déjà j’en rencontrerais d’autres.

Sepúlveda est magnifique dans le sourire qu’il m’offre. Avec force, l’inverse d’un Coloane pour qui cette chronique pourrait se lire en négatif. Par et pour cette facilité, par et pour cette espièglerie, je lis chaque livre de Monsieur Sepúlveda.

25 textes pour lesquels j’ai écrit cette chronique, mais je devrais dire, 24 textes. Le premier, Portrait de groupe sur fond d’absence : un reportage, est autre. Écrit en 1990, il atteint une ampleur, une force, d’une valeur universelle. Un magnifique texte que j’aurais aimé voir se prolonger où, toujours, transparaît la cicatrice de l’exil, où sans cesse la force des Vaincus* se sent plus forte.

une note d’Alexandre


* En référence à La Mémoire des Vaincus de Michel Ragon.

Histoires d’ici et d’ailleurs de Luis Sepúlveda, traduit en langue française par Bertille Hausberg et publié par les éditions Métailié en 2011. Titre original, Historias de aquí y de allá.

Vous pouvez écouter, et visionner, une lecture d’une œuvre de Sepúlveda, Le Neveu d’Amérique, sur cette page.