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4 mars 2009

Le matériel de l’expédition

Le matériel de l’expédition. Le sacré matériel ! Celui sur lequel on base toutes nos croyances, celui sur lequel on pense tant savoir et à propos duquel à chaque nouveau départ on se rend compte que l’on ne sait rien. Celui qu’un beau jour on envoie valdinguer pour en revenir aux bonnes vieilles méthodes traditionnelles mythifiées.
Les chaussettes en grosse laine de mamie ressortent du tiroir, le collant de papi est à nouveau autour de nos gambettes et on va même jusqu’à se tailler une paire de lunettes, façon inuite, dans un vieux morceau de cuir trouvé dans la grange du tonton. Pour le reste ? On fera avec ce qu’on trouvera sur place.

Oui mais. Quand il n’y a rien sur place ? Rien dans le sens où jamais, ou si rarement, des hommes ont réussi à vivre en autosuffisance dans le milieu. Je pense à la haute altitude par exemple. Ou quand on décide de se lancer dans un voyage qui ne respecte pas les techniques de vie des autochtones ? Je pense cette fois-ci aux canaux patagons où les Indiens se nourrissaient principalement de moules, Indiens disparus d’ailleurs, leur mode de vie contrariant l’avancée de notre civilisation. Aujourd’hui, notre organisme ne pourrait s’accommoder de ce régime sans passer par une longue, très longue adaptation. Et encore. L’algue rouge, un neurotoxique qui s’est développé dans la région, rend à présent impropre à la consommation ces fameuses moules.
Alors dans tous ces cas, que faire ?
Revenir à cette fameuse liste de matériel, potasser les catalogues, croire aux dires des labos de « recherche et développement » et finalement, s’en remettre aux conseils du vendeur qui vous porte la bonne parole de l’innovation depuis tant d’années.
Allez voir ce que les autres expéditions ont embarqué est aussi une bonne piste pour débroussailler l’offre prodigieuse du marché. Un nombre incroyable de sites et forums sont là pour vous aiguiller. Cette énième liste que nous dressons ici n’a rien de novatrice, elle s’inscrit dans ce processus, elle essaie d’apporter un peu d’eau au moulin et aux réflexions de chacun.

J’ai, Alexandre, préféré écrire ce texte à la première personne. En effet, si Inti me rejoint sur les points exposés ci-dessous et s’il a participé au même titre que moi à l’élaboration de cette liste, certaines explications de choix peuvent porter à débat et je préfère par conséquent n’engager que mon nom.
Remarque d’Inti : Je confirme que nous sommes d’accord sur toutes les conclusions de ce texte. J’ai apporté compléments et précisions au présent texte, mais lorsque je considérais qu’un ajout mien… ne pouvait être que mien, je l’ai indiqué en spécifiant qu’il s’agissait d’une remarque personnelle.

Vous ne trouverez ici aucun comparatif de produits. Notre jugement est personnel et non scientifique. De plus les produits changent à chaque saison.
Vous ne trouverez également citées que de très rares marques. La plupart achètent à des cabinets de recherche leurs découvertes technologiques. Elles n’en sont donc pas propriétaires et d’une année à l’autre, la technologie que vous avez tant appréciée chez X peut se retrouver commercialisée par Y.
Enfin, vous ne pourrez lire d’étude de ces différentes technologies. Nous ne comparerons pas la membrane A à la membrane B, nous n’avons ni les moyens, ni les savoirs scientifiques adéquats. Le nom utilisé pour ces technologies étant d’ailleurs bien souvent la conséquence unique de causes économiques, marketing et commerciales, n’ayant rien à voir avec une quelconque capacité technique.

Ces critères ne sont certainement pas exhaustifs, ils n’attendent que votre savoir et votre expérience. N’hésitez pas à nous contacter pour nous apporter vos idées, remarques, contradictions et expériences (contact@patagonia2009.com).
En lisant ce qui suit, il faut garder en mémoire que nous utiliserons notre matériel entre 4 et 6 mois consécutifs, sans aucun repos ni rechange et des possibilités de séchage et lavage très aléatoires. Ils seront les seuls éléments à même de nous fournir un relatif confort, c’est-à-dire une meilleure capacité de récupération, voire même de nous sauver en cas de situations critiques. Dans ces conditions chaque élément de notre paquetage devient primordial et justifie la méticulosité des choix et l’attitude quasi obsessionnelle qui en découle. On ne peut comparer ces conditions à une utilisation de type « vacances », aussi sportives soit-elles.

Liste du matériel

KAYAK
2 bateaux monoplace Kodiak de chez Prijon
Leur gouvernail respectif (plus un aparté sur les pieds dans le kayak)
2 voiles type « chauve-souris »
2 pompes de cales et 2 écopes
Des bouts et des mousquetons
2 pagaies, 2 pagaies de secours et 2 leashs
2 paddle float

INSTRUMENTS DE NAVIGATION
1 compas de relèvement
1 GPS
Des cartes
1 compas de pont
Deux montres baromètre, réveils, thermomètre
1 boussole mécanique
1 anémomètre
2 VHF
2 sifflets

VÊTEMENTS DE NAVIGATION
2 jupes
2 gilets de sauvetage
2 combinaisons de survie
2 paires de sandales
2 paires de manchons et gants

VÊTEMENTS À TERRE
4 caleçons thermiques (2 par personne)
4 t-shirts thermiques (2 par personne)
4 collants thermiques (2 par personne)

4 paires de chaussettes (2 par personne)
2 sweats thermique (1 par personne)
2 pantalons imperméables (1 par personne)
2 doudounes (1 par personne)
2 blousons (1 par personne)
2 paires de petits gants (1 par personne)
2 paires de gros gants (1 par personne)
2 bonnets (1 par personne)

Matériel de couture

MATÉRIEL DE BIVOUAC
2 lampes frontales
1 réchaud à essence
1 réchaud de secours

Des briquets
Une popotte complète pour 2 personnes
1 tente
2 sacs de couchage
2 tapis de sol
1 bâche
2 couvertures de survie réutilisables
4 gourdes de 2 l chacune
1 filtre à eau à pierre
1 pierre neuve pour le filtre

1 machette et 1 hache
Des outils divers
1 paire de jumelles
Des sacs de rangement étanche
2 petits sacs à dos

COMMUNICATION
1 téléphone satellite Iridium
1 balise de détresse
Des feux de détresse
1 éolienne
Des batteries et leurs connectiques
2 miroirs

ÉCRIT
Stylos, cahiers

IMAGES
1 appareil photos argentique
Entre 80 et 100 pellicules réversibles couleurs
Sac de protection
1 appareil photos numérique
Caisson étanche
1 caméra

TOILETTE ET HYGIÈNE
Brosse à dents
Dentifrices

Savon et savon mer
2 Serviettes (1 chacune)

MÉDICAL
Trousse de secours
Lunettes de soleil

DIVERS
Passeports
Autorisations

NOURRITURE
Nourriture
Matériel de pêche

DESCRIPTIF

KAYAK

Les bateaux

Nous avons déjà expliqué certaines des raisons qui nous ont poussées dans notre choix de kayaks : http://www.patagonia2009.com/expe/Une-expedition-en-kayak.html.
Seul ou à deux dans le kayak. Il n’y eut pas de discussion sur ce point, nous recherchons tous les deux une certaine sensation d’autonomie et de solitude. Seul dans notre kayak, l’évidence était là pour tous les deux. Nous n’avons fait aucun test à deux sur des biplaces.

Notre niveau en kayak. Ce niveau permet de se situer dans le dilemme stabilité, rapidité. Généralement, plus un kayak est stable, moins il avance et vice versa. Il me semble que l’on peut partir en expédition sans être un as du kayak, comme l’ont fait de nombreuses personnes avant nous, mais il faut alors être conscient de son handicap et accepter des kayaks stables.
On peut faire un parallèle entre la technique de fabrication des kayaks et le couple stabilité-rapidité. Ce parallèle reste toutefois simpliste et souffre de très nombreuses exceptions.
Les pliants sont stables mais lents, voire très lents.
Les fibres sont rapides mais instables.
Les plastiques sont stables et un peu plus lents, mais pas autant que les pliants.

C’est à programme de navigation identique et forme quasi similaire, que le plastique aura tendance à être plus lent mais plus stable que le fibre. Toutes les compétitions de vitesse se courent en fibre.
Notre niveau en mer. Pratiquer le kayak de mer c’est à la fois faire du kayak et de la mer. La connaissance du milieu qu’est la mer peut aider à palier (et pas remplacer, juste « aider à ») un manque par rapport à son niveau en kayak. L’inverse me semble encore plus vrai : exceller dans la pratique du kayak sans connaître le milieu maritime ne sert à rien dans le cadre d’une navigation. Il faut un minimum de connaissances du milieu.
Ce critère participe donc à se positionner entre un kayak stable mais relativement lent et un kayak rapide mais instable.
Les arrivées à terre. Le seul moment où le kayak peut subir un accident grave est lors des arrivées à terre (exception faite du transport par avion ou cargo). Bien connaître la géographie de l’endroit est donc primordial dans le choix du kayak.
Pour schématiser, un kayak plastique sera plus résistant qu’un fibre ou un pliable, mais irréparable. Un fibre sera très facilement réparable mais fragile. Un pliant sera réparable, particulièrement avec une armature bois, mais les avis diffèrent énormément quant à sa robustesse.
Le volume transportable. Nous allons vivre une période de 2 à 3 mois en complète autonomie (Puerto Natales, Puerto Eden). La nourriture à emporter est conséquente.
Et pourquoi ne pas partir à deux kayaks biplaces pour répondre à cette préoccupation du volume ? Cette idée nous est naturellement venue. Nous avons testé, en solo, la manœuvrabilité d’un biplace plastique puisque le critère de la qualité des arrivées à terre nous a décidé pour ces modèles. L’idée s’est alors très vite envolée.
Ajoutons que la technique de fabrication des kayaks plastiques ne permet pas de monter un hiloire simple centré, le moule étant trop cher à réaliser à l’unité. Nous avons donc réalisé nos tests en nous asseyant dans l’hiloire arrière des kayaks. En revanche, pour les kayaks fibres et pliants, monter un hiloire simple centré sur un kayak biplace ne pose pas de problème majeur. Il y a alors, peut-être, plus d’intérêt à envisager cette solution.
Le poids transportable. Les kayaks de mer, construits pour la grande randonnée, supportent des poids largement suffisants pour déplacer tout ce que l’on souhaite. La restriction n’est donc pas en terme de poids, mais en volume.
L’expédition des bateaux vers le point de départ. Le kayak pliant est indéniablement mieux loti que ses confrères sur ce point. Il se range dans des sacs robustes et se transporte sans problème.
Notons également que la longueur des kayaks plastiques et fibres « gros porteurs » est généralement aux environs des 5 mètres. Les palettes internationales du fret aérien mesurent 3 mètres. Le dépassement de taille rend les prix en aérien exorbitants. La seule solution de fret reste donc alors le maritime.
Notre choix. En raison des arrivées à terre qui risquent d’être souvent musclées, nous avons opté pour le kayak plastique après avoir longuement été tentés par le pliable. Dans les plastiques, nous nous sommes dirigés vers la marque Prijon qui est la seule à construire ses kayaks avec le matériau nommé HTP. Le HTP est un polyéthylène dont la résistance a été renforcée (les molécules sont plus longues) et le poids allégé. De plus, leur procédé de fabrication est différent du classique rotomoulage : elle permet de ne pas complètement liquéfier le polyéthylène, ce qui en préserve d’avantage la rigidité. Leurs bateaux proposent des volumes de chargement assez impressionnants et sont réputés dans le monde de l’expédition. En testant le mythique Kodiak, nous avons été agréablement surpris par ses qualités de glisse et sa vitesse intrinsèque.
Après avoir contacté Prijon, ils ont décidé de nous sponsoriser et nous ont offert 2 de leurs bateaux. Nous avons également eu le plaisir de rencontrer, en Allemagne, l’équipe qui réalise ces kayaks. Point auquel nous avons été particulièrement sensibles.

Le gouvernail

L’installation d’un gouvernail change radicalement la manière de naviguer. Il est indispensable pour une navigation de longue distance. Il se dirige avec les pieds.
La plupart des bateaux de mer sont conçus avec la possibilité d’installer un gouvernail. Dans le cas contraire, il est bon d’envisager d’en fabriquer un, voir de remettre en cause votre choix de bateau.
Il faut penser à les démonter pendant le transport jusqu’au lieu du départ et les relever lors des atterrissages.

Les cale-pieds grâce auxquels vous dirigez le gouvernail doivent rester fonctionnels en cas de casse du safran ou de tout autre partie du gouvernail. Ils doivent toujours remplir leur fonction première de cale-pieds.
Il peut être intéressant de réaliser un système de remontée automatique du safran, à l’instar des bateaux à voile, en cas de collision avec un objet flottant. Le risque est tout de même moindre qu’en voilier, la vitesse étant incomparable et la lecture de l’eau beaucoup plus active. Il n’en reste pas moins que des objets flottants entre deux eaux, indécelables à la vue, peuvent briser le matériel. Dans cette optique, nous ne bloquons jamais le bout de descente et remontée du safran.
Les gouvernails que Prijon nous a fournis nous semblent résistants et bien pensés. Ils inspirent confiance même si nous n’avons pas l’expérience et le recul nécessaires pour les juger.
Aparté sur les pieds dans le kayak : Il peut-être intéressant de coller, sur la paroi du kayak, un bout de mousse condensée au niveau des talons. Ces mousses auront deux rôles. Le premier est d’isoler votre talon de la coque du kayak, conductrice du froid de l’eau, en particulier si vous naviguez pieds nus. Le second est de caler votre talon au bon emplacement ce qui vous permet de changer le point d’appui de votre pied au cours de la navigation.

Les voiles

Peut-on en installer une sur son bateau ? Plusieurs marques proposent des voiles adaptables sur les kayaks. Elles se classent en deux catégories. Les voiles avec mât et baume et les voiles en triangle, éventail inversé ou aile de chauve-souris, au choix.
Les premières ne sont utilisables que sur les kayaks prévus à cet effet présentant un puits de mât. Les secondes sur tous types de kayaks ayant un pont assez rigide pour supporter les points d’appui des mâts maintenant la voile ouverte, ce qui exclut certains kayaks pliants.
L’utilisation d’une voile doit obligatoirement aller de paire avec un gouvernail, à moins d’imaginer l’emploi de la pagaie placée latéralement à l’arrière du bateau, ce qui me semble très complexe à l’utilisation, les deux mains étant alors mobilisées sur la pagaie.
Le matériel n’est pas installé à demeure et il me paraît difficile de monter le mât puis de gréer le kayak en étant sur l’eau. Une fois le montage effectué, le kayak se transforme en petit voilier mais presque sans dérive. On peut alors adopter toutes les allures possibles si l’on est capable de compenser la gîte qui va immanquablement survenir… pour la dérive, c’est une autre histoire, mais nous manquons d’expérience sur le sujet. Pour régler ce problème, certains fabricants proposent d’installer une dérive de part et d’autre du bateau. Le kayak se transforme alors en voilier. Si le montage du mât en mer me semble hasardeux, bien qu’un fabricant m’ait affirmé le contraire, je suppose l’impossibilité de monter le mât et le système de dérive sur l’eau. Au vu de l’encombrement de l’ensemble, il me paraît également difficile de transporter tout ce matériel lors d’une longue expédition.
Si les voiles avec mât me semblent très efficaces, les restrictions que leur utilisation implique me semblent inadéquats à l’usage en expédition ou même, en randonnée moyenne durée. Je n’en parlerais donc plus ici.
Les voiles « chauve-souris » – pour reprendre l’expression chère à Inti – sont montées à demeure sur le kayak. Un système d’élastiques permet de lever et descendre la voile en mer, en un tour de main. Les allures possibles sont extrêmement réduites : vent arrière et grand largue. Nous avons testé le travers, mais l’expérience fut trop courte pour en tirer de réelles conclusions. Ces voiles nous semblent plus adaptées à la pratique de l’expédition. Reste à savoir si, lors de la navigation, il y aura du vent arrière et dans quelle proportion ? En d’autres termes, est-ce que le gain d’énergie, de vitesse et donc de temps, obtenu grâce à la voile, est supérieur à la perte dû au poids et à la prise au vent, bien que minime, générée par la voile repliée sur le pont du kayak ? Dans notre cas, rien n’est moins sûr, les vents dominants sont d’Ouest, Nord-Ouest et Nord, soit des allures de travers, au près et de face.

Saurons-nous l’utiliser ?
La question peut paraître anodine. Elle se réfère à l’interrogation déjà posée lors du choix du kayak, « notre niveau en kayak de mer », auquel il faut ajouter « notre niveau en kayak à voile », même si cette navigation semble extrêmement simple.
La tenue du bateau et de sa gîte sont problématiques puisqu’il n’y a pas de quille. Après différents tests sur l’eau, j’ai pu noter que les abdos fonctionnent à plein pour compenser les mouvements soudains et que, comme en rivière, il est bon de continuer à pagayer pour garder le contrôle de son embarcation. Au-delà de ces deux indications, le bateau avance efficacement et le plaisir de naviguer sans effort est magique.
Le principal problème de la navigation à la voile en kayak semble donc de pouvoir être serein et d’encaisser l’arrivée des risées. Plus l’arrivée du vent sera désordonnée, plus le bateau sera dur à tenir, physiquement et mentalement. Connaître la météo du secteur où l’on compte se rendre est donc intéressant mais pas forcément révélateur, le kayak réagissant à des micro-vents.
Le long de la côte Pacifique patagonne, l’endroit est propice aux rafales désordonnées comme n’ont cessé d’en parler les marins du Vendée Globe 2008/2009, régulièrement couchés, tête de mât dans la vague. Par contre, qu’en sera-t-il dans les canaux ? Francisco Coloanne semble décrire des situations, au mieux similaires, sinon pires.
Dernière remarque : Lors de notre test sur les restes d’une tempête qui a traversé la France, il faisait frisquet et humide, temps typique de Patagonie. Dès que nous cessions de pagayer pour gérer les voiles, nous nous refroidissions très rapidement. Tenue vestimentaire en conséquence donc.
Résistera-t-elle aux conditions rencontrées ?
Après étude de nos voiles, leur fabrication semble peu soignée et bien peu « marines ». Elles sont de la marque Pacific Action qui semble être leader sur le créneau « voile chauve-souris ». Les coutures sont des plus sommaires, le revêtement du tissu s’en va au moindre frottement et les accessoires, type pontet ou taquet coinceur, n’inspirent pas confiance.
J’ai changé tous les pontets fournis par Pacific Action par des taquets de la même hauteur mais qui pourront être plus utiles, si ce n’est pour la voile, au moins pour l’accroche de matériel sur le pont.
Je me pose aussi la question de doubler les coutures des voiles, tel un Moitessier se préparant pour un tour du monde. Mais j’hésite encore au regard de la qualité du tissu.
Comment réagira ce matériel après plusieurs semaines de mer ? Je ne m’avancerais pas là-dessus et seule l’expérience le dira.
Ici, vous pouvez voir quelques vidéos proposées par la marque qui fabrique ces voiles. Remarquez que toutes sont en conditions de mer et de vent très calmes, en vent arrière ou grand largue.
Alors, gadget pour voileux nostalgiques ou réelle option de navigation ? Nous vous en dirons plus à la fin de l’expé, les avis divergent, en tout cas nous partons avec. Au moins pour la rigolade et c’est déjà ça.
Remarque d’Inti : moi je rigole pas avec les voiles ; c’est sérieux une voile, faut pas se moquer..

Pompe de cale et écopes

Outils indispensables devant faire partie de l’armement de chaque bateau.
Sur les kayaks en fibre, la pompe de cale peut-être installée à demeure sur le bateau et actionnée grâce à un levier. C’est le système idéal. Christophe l’avait testé avec beaucoup de joie lors de notre sortie du côté de Saint-Malo (photo).
Sur les kayaks en plastique, l’installation ne peut se faire à demeure car la pompe n’est pas prévue à l’origine de la conception du moule. Ce qui est, à mon avis, une regrettable erreur.

Bouts et mousquetons

Il est toujours préférable que les bouts soient flottants.
Les mousquetons de montagnes ne sont souvent pas adaptés à une utilisation en eau salée. Il faut impérativement éviter les systèmes utilisant différents alliages, la dégradation au contact de l’eau est extrêmement rapide.

Pagaies et leash

Quel manche de pagaie ? Il existe 3 grands types de manches de pagaies : aluminium, fibre-carbone et bois.
L’aluminium est à proscrire. Ce sont des manches relativement lourds et surtout très conducteurs de chaleur. La sensation de froid est rapidement insupportable, et la déperdition énergétique significative. Leur seul intérêt est la solidité.
La fibre peut s’employer associée au carbone pour augmenter sa robustesse. Elle est ainsi résistante et légère. Les derniers modèles semblent être conçus pour les types d’atterrissage que j’ai plus d’une fois évoqués. La fibre absorbe une bonne partie des vibrations, mais le carbone les propage… Ce sont classiquement « des pagaies à tendinites », en rapport avec leur proportion de carbone. La sensation de froid est modérée et tout à fait supportable. Les manches en fibre seule sont fragiles mais réparables, à l’inverse de ceux contenant du carbone.
Les pagaies bois sont souples et absorbent très bien les vibrations. C’est un plaisir de pagayer avec. Leur poids, supérieur aux pagaies fibre, s’oublie vite. La sensation thermique est des plus agréables, on se permet même de parler de manches chauds. Elles sont plus fragiles qu’un manche fibre-carbone, mais sont « bricolables » en cas de casse. Pour ajouter une touche futile, mais si agréable, leur esthétique est inégalable.
Les pagaies fibre carbone et les pagaies bois sont donc les deux matières à privilégier.
Combien de pagaies de secours ? Nous avons opté pour une pagaie de secours chacun, cela reste d’ailleurs dans notre logique initiale du choix d’un bateau chacun.
Notre idée a été de prendre des pagaies fibre carbone pour tous les jours et de réserver le bois avec renfort métal aux extrémités pour le secours et les arrivées particulièrement musclées.
Il se trouve que Prijon nous a offert trois pagaies démontables fibre carbone très « high tech » (parfaitement ajustées une fois assemblées et réglables en longueur et angulation). Nous avons donc décidé de n’en acheter qu’une en bois. Notre seule crainte résiduelle concerne la résistance des pales (très fines) en cas d’appui sur un rocher.
Remarque d’Inti : pour mes vieux coudes, je crains aussi un peu les tendinites.
Bien qu’énervant et encombrant nous aurons chacun notre leash, reliant la pagaie au bateau. Cela nous semble indispensable dans ce type de navigation : en cas de bain, il faut être certain que la pagaie ne va pas aller se promener loin du bateau pour pouvoir ne se concentrer qu’à remonter sur son destrier flottant.

Paddle float

Un paddle float est un équipement, en mousse ou gonflable, qui peut se fixer sur la pelle de la pagaie et permet ainsi de prendre appui sur l’eau et de remonter plus aisément sur son kayak. Bien que nous sachions esquimauter, il n’est pas certain que sur une mer formée et avec un kayak chargé, la manœuvre réussisse. Après une ou deux tentatives, il faut bien sortir. Et là, pour remonter, le paddle float peut être d’une aide précieuse. Nous emporteront des paddle float gonflables.



INSTRUMENTS DE NAVIGATION

Compas de relèvement

C’est l’outil idéal pour faire des relevés de positions lorsque l’on a des repères terrestres (amers) indiqués sur une carte. Ce sera donc notre outil de base de navigation (bon, faudra pouvoir déplier la carte sur le kayak…).
On pourrait lui préférer un sextant qui ne nécessite pas de points terrestres pour faire le point. Mais cet outil est fragile, volumineux et complexe d’utilisation. Ni Inti, ni moi ne savons nous en servir même si l’envie est grande d’apprendre.

GPS

Le GPS nous accompagnera pendant le voyage. Nous pouvons nous le permettre au vu des possibilités électriques que nous offre l’éolienne. Le GPS a exactement la même utilité que le compas de relèvement mais ne nécessite aucun repère pour se positionner.
C’est l’arme idéale en cas d’absence de visibilité.
Le modèle choisi n’est pas encore défini.

Cartes

Cartes de navigation. Les fameuses cartes de navigation qui ne posent normalement aucun problème sont, dans cette partie du monde, un véritable casse-tête.
Jusqu’à il y a peu, les cartes marines anglaises faisaient référence. Leur plan général date pour la plupart de 1956 et seuls des ajustements ont été faits depuis. Aujourd’hui, on sait qu’elles sont souvent imprécises. Par exemple, elles ne se superposent pas exactement avec les photos aériennes et satellites. L’enluminure, accompagnant le nom de la carte, masque bien souvent des zones intéressantes à aller explorer en kayak mais totalement inintéressantes en bateau. Leurs indications sont toutefois précieuses.
Janvier 2009, l’Institut géographique militaire chilien publie de nouvelles cartes marines de la Patagonie. Dès leur sortie, elles deviennent une référence et la rigueur de leur tracé semble être bien meilleur.
Elles sont disponibles à Santiago, directement au siège de l’Institut. Nous n’y passerons pas.
Elles seront peut-être disponibles à Punta Arenas. Nous l’espérons.
Christian Clot est passé les chercher au mois de janvier 2009 avant d’entamer son expédition. Il en ressort qu’une partie des canaux ne fait toujours pas partie de ces nouvelles publications. S’il en a les moyens, il devrait nous en laisser des photocopies à Punta Arenas. Nous ne le saurons qu’une fois sur place.
Cartes terrestres. Sur les cartes terrestres, certaines précisions laissent présager de la découpe d’une côte, ou un tracé de rivière peut nous donner l’idée d’un portage. L’Institut géographique militaire chilien propose des cartes qui se révèlent parfois fausses. J’en ai fait la douloureuse expérience lors de mon premier voyage, à pied, dans le Nord de la Patagonie chilienne. Des cartes ont été publiées aux Etats-Unis, paraît-il, précises et bien renseignées. Nous ne les avons jamais vues.
Pour résumer notre situation cartographique. Nous avons à notre disposition les cartes anglaises, imprécises ; GoogleEarth, avec nuages, zones d’ombres et impossibilité de se déplacer avec ; le manuel nautique Patagonia & Tierra del Fuego Nautical Guide de Mariolina Rolfo et Giorgio Ardrizzi, dont nous emporterons les pages les plus intéressantes.
Ne pas oublier également les portes cartes étanches.

Compas de pont pour le kayak

Un compas peut-être installé à demeure sur le pont du kayak. Sur des kayaks plastiques, toujours le même inconvénient par rapport aux fibres, on ne peut personnaliser le pont. Sur les Kodiaks de Prijon, existe bien le trou pour installer un compas, mais ils ont eu l’ingénieuse idée d’y installer à la place un espace fourre-tout (plus ou moins étanche) qui se révèle particulièrement utile.
Est-ce vraiment nécessaire ? Lorsque l’on navigue à la vue des côtes et que l’on ne réalise pas de traversées, l’utilité du compas peut sembler faible. Mais nous serons parfois obligés de traverser des canaux, et donc de nous éloigner du littoral. Il ne faut pas non plus oublier la présence de brouillard ou de rideaux de pluie qui peuvent faire perdre tout sens de l’orientation.
Le compas est donc nécessaire pour chacun d’entre nous. Mais en avoir un imposant sur le pont est peut-être de trop. Nous nous déciderons donc au dernier moment en fonction de l’encombrement du pont avant.

Baromètre > Montre

Est-ce utile ? Suivre l’évolution météorologique est une obligation quand on est en mer, je dirais même plus, en plein air. Question évidente de sécurité. Dans cette optique, le baromètre est l’outil essentiel. Chacun en aura un.
Guy Cloarec, kayakiste ayant navigué jusqu’au Cap Horn en 1995 avec 5 de ses camarades, nous a signalé la symétrie surprenante entre la météo et les variations, même minimes, du baromètre. Une variation d’un hectopascal y est suffisante pour observer un bouleversement complet des conditions météo.
Là où il est bon de rappeler l’adage : « les quatre saisons défilent en une journée en Patagonie ».
Quels sont les modèles disponibles ? Nos baromètres seront intégrés à nos montres. Il est donc ici intéressant de lister ce que l’on peut demander à ces fameuses montres, véritables ordinateurs de poignet.
Baromètre : En plus de la précision du baromètre, l’intérêt est d’avoir un graphique suffisamment lisible et étalé dans le temps pour pouvoir comprendre l’évolution.
Altimètre : Si toutes les montres altimètres proposent le baromètre, les baromètres ne proposent pas obligatoirement l’altimètre. En mer, l’altimètre ne sert évidemment à rien puisque, par définition, on est toujours à 0 mètre d’altitude.
Thermomètre : Il peut affiner ou conforter une analyse réalisée grâce au baromètre. Il peut également présager de l’englacement ou non de la mer. Attention toutefois, la montre, gardée au poignet, donnera une information forcément erronée puisqu’elle subit l’effet de la chaleur corporelle.
Il existait des sondes thermiques branchées sur la montre et reliées par un fil que l’on installait à l’écart. Ce dispositif allait souvent de pair avec la possibilité d’enregistrer deux températures simultanément. Cela permettait par exemple de connaître la température à l’extérieur et à l’intérieur du sac de couchage, données couplées à une alarme pouvant se révéler essentielles. Ces montres proposaient également un graphique, identique à celui du baromètre, permettant de constater une évolution. Je note tout cela au passé, car aujourd’hui, en 2009, je n’en ai plus trouvé et on m’a affirmé que cela ne se faisait plus. Dommage.
Réveils : Avoir au moins deux réveils avec des sonneries différentes se révèle très pratique. Lorsque vous réglez votre montre pour sonner toutes les 3 heures afin d’aller, par exemple, déneiger votre tente et ainsi ne pas risquer de vous faire ensevelir, les réveils sont souvent très difficiles et deux sonneries ne sont pas de trop pour vous pousser hors du sac de couchage.
Alarmes : Les alarmes fonctionnent comme un réveil mais son liées au baromètre, à l’altimètre ou au thermomètre. Ces sonneries se révèlent très utiles, pendant le sommeil ou pendant le déplacement, pour prévenir un potentiel danger que l’on aura, au préalable, identifié.
Boussole : Pourquoi s’en priver ?
Bracelet : Lors de l’acquisition de ce matériel, il ne faut pas hésiter à mettre la montre au poignet par-dessus l’épaisseur d’un blouson et d’un pull. La longueur du bracelet se révèle souvent beaucoup plus juste que l’on ne l’imaginait.
GPS : Certaines marques proposent un GPS intégré. Sans l’avoir testé, il semble que ces montres ont une autonomie beaucoup trop faible (quelques semaines). Or, quelles que soient les fonctions supplémentaires, une montre doit avant tout rester fiable… pour donner l’heure.
Etanchéité : Il existe plusieurs normes d’étanchéité. Les normes Waterproof et Water resistant ne désignent pas la même chose par exemple. Je ne saurais toutefois me lancer dans une explication approfondie.
Remarque d’Inti : On nous a dit que les montres multi-fonctions que nous avons ne sont pas faites pour être plongées dans l’eau. Plus précisément, on nous a dit : « si vous les plongez dans l’eau, attendez qu’elle sèchent un peu avant de les réutiliser ». Sans doute pour ne pas endommager les capteurs.

Boussole

Par sécurité, nous aurons aussi une boussole « traditionnelle ».
Il faut bien avouer que c’est une sécurité à laquelle nous allons nous plier sans pour autant que je sois persuadé de son utilité.
L’image d’Epinal du boy-scout dans la forêt, retrouvant son chemin grâce à sa boussole, a la vie dure et me gonfle profondément. Comme toutes les traditions et toutes les habitudes, il est bon de les remettre en cause en les confrontant aux pratiques, connaissances et possibilités de notre époque.
Quand a-t-on besoin d’une boussole ?
En condition de visibilité satisfaisante, la nature nous offre un nombre incroyable d’indices pour situer le Nord. La boussole ne me semble pas primordiale.
En condition de visibilité nulle (nuit, brouillard, jour blanc, pluie, tempête, etc.) la boussole permet certainement de situer le Nord. Mais elle ne permet pas de situer les embûches du terrain qui auront tôt fait de nous briser une jambe ou de nous faire chuter dans une crevasse. Je parle ici d’un déplacement effectué en expédition, pas dans un endroit familier où le terrain est connu par cœur.
Je viens de visionner un documentaire de 1973 où Théodore Monod explique comment les nomades sahariens tiennent leur cap dans les pires tempêtes que l’on puisse imaginer : en se fiant aux « flèches des sables ». Les flèches des sables sont des signes naturels qui apparaissent dans le sable. Il n’est jamais fait mention de boussole dans leur navigation (on dit également navigation dans le désert).
Alors dans ces conditions, le plus intelligent n’est pas de sortir sa boussole mais son matériel de bivouac et d’attendre. Si on a oublié son matériel de bivouac (on est en condition d’expédition, je vous le rappelle…), qui est le plus stupide ? Celui qui a oublié sa boussole ou celui qui a oublié son matériel de bivouac ?
Et en mer, le principe est le même. Avec une visibilité nulle, le plus intelligent n’est souvent pas de s’approcher de la côte. La perspective d’une nuit en mer sans visibilité à bord d’un kayak n’est pas des plus réjouissantes, certes, mais meilleur que celle de s’empaler sur un rocher en essayent, vaille que vaille, de débarquer.
Si en navigation hauturière, on a besoin d’une boussole afin de garder un cap précis où 10° de plus ou de moins peuvent tout modifier, en navigation côtière, la précision requise est moindre.
Notons également que nous avons tout de même une montre boussole – pouvant tomber en panne – un GPS – pouvant être à cours de batterie – un compas de pont – qui n’est rien de plus qu’une boussole et que je remets à l’occasion également en question, même s’il propose une vraie praticité pour tenir un cap – et un compas de relèvement. Si avec tout ça on a encore besoin d’une boussole toute simple… bref, nous en aurons donc une, par sécurité et, surtout, par habitude, même si son utilité est loin d’être primordiale, à mon sens, malgré tout ce qu’on en dit.
Remarque d’Inti : Bien sur, là, je ne suis pas d’accord. Fut-ce pour faire du cabotage, je préfère mettre mon instinct dans une boussole. D’ailleurs, c’est un des éléments exigés par les Autorités chiliennes.

Anémomètre

Il existe des anémomètres à la précision, disons relative, qui permettent de se faire une idée de la force du vent. Nous en aurons un.

VHF

La VHF est obligatoire dans notre équipement. C’est un des points à respecter pour avoir les autorisations de navigation. Nous en aurons chacun une. C’est l’outil le plus simple pour capter, les bulletins météo.
Elles doivent être au minimum de 5 Watts, le standard.
Le modèle n’est pas encore défini, des émetteurs-récepteurs seraient évidemment le mieux. Nous verrons en fonction du prix.
Remarque d’Inti : Certaines sont flottantes (bien plus chères), mais comme on aime plonger dans l’eau froide à une centaine de mètres de profondeur, on en prendra des normales, pour devoir de temps en temps aller les chercher au fond.

Sifflets

Éléments également à ranger dans la catégorie « sécurité », ils sont indispensables. Un chacun.
Pour communiquer, signaler un danger ou se signaler, les sifflets sont indispensables. Ils doivent être associés à un code, simple et appris par nous deux, définissant les messages de base : danger, ralentir, se rapprocher l’un de l’autre, aller à la côte, etc.



VÊTEMENTS DE NAVIGATION

Jupes

Confort : Passer une journée entière dans sa jupe, et ce pendant plusieurs mois, impose logiquement de prendre des jupes qui ne serrent pas le corps autant que les jupes de rivières. Remarque d’Inti : Bon, c’est parce qu’on est des hommes.
Les jupes de mer sont fixées à la taille n’ont pas par un « joint » élastique, mais par des bretelles et un serrage via cordon. Ces deux systèmes ne permettent pas l’étanchéité parfaite de l’hiloire, comme a pu le constater Inti en esquimautant dans la Marne, mais suffisent largement pour tous les moments où l’on reste droit, ce qui est la position préférable à n’en pas douter.
Étanchéité : L’étanchéité du matériau utilisé doit être parfaite. Si en rivière, un peu d’eau dans l’hiloire n’est pas grave, en mer et pendant tant de temps, cela devient vite insupportable. Ne sachant trop comment juger de l’étanchéité d’une jupe, nous avons opté pour celles qui avaient le plus d’épaisseur et, surtout, puisque Prijon nous les offrait, les plus chères. Il doit bien y avoir une raison, non ?
Réparation : Si nous ne savons juger de l’étanchéité d’une jupe, au moins sachons la réparer. Matériel de réparation de première urgence obligatoire donc, scotch, patchs et consorts.

Gilets de sauvetage

Accessoirisation : En rivière un gilet de sauvetage doit n’avoir aucune fioriture afin de ne pas s’accrocher dans les branches sur et sous la surface de l’eau (petite pensée pour Tanguy, lauréat de la Cravate d’or JEV 2008). En mer, il est pratique d’avoir des pontets comme sur un harnais d’escalade pour y accrocher toutes sortes d’affaires. Également, plus il y aura de poches, plus on sera heureux.
On trouve des gilets avec une grande poche ventrale doublée de polaire où l’on peut glisser ses mains pour se réchauffer lors de petits arrêts. Fort agréable.
Camel bag : Rare et pourtant si pratique, certains gilets proposent une poche dorsale type camel bag. Ce système d’hydratation est si pratique que je ne comprends pas pourquoi tous les gilets n’en sont pas dotés.
Harnais : Pour l’expédition, il est bon d’avoir un gilet sur lequel on puisse se bricoler un harnais pour tirer le kayak commodément dans les cas de remontées de rivières, ou lors de passage où l’emploi d’une pulka aurait été la bienvenue, sur glace par exemple.
Pour notre part, nous avons des gilets Prijon, achetés à l’usine. Ils ne répondent pas à tout ce qui précède, mais ils ont eu l’avantage d’avoir été là quand on y était, et donc, parfois, il ne faut pas se poser de questions et avancer.

Combinaisons de survie

La meilleure réponse aux questions de sécurité est la combinaison de survie sèche, [(cf. l’article sur l’adaptation au froid]->http://www.patagonia2009.com/expe/C...]. Il y en a de nombreux modèles et c’est d’ailleurs étonnant de voir qu’autant de marques en proposent. Nous la porterons en permanence dès que nous serons sur l’eau.
Le principe est une combinaison où vous êtes à l’aise, qui ne vous serre pas, sauf au cou et aux poignets, et qui est respirante.
Une combinaison de survie sèche ressemble à un blouson de montagne sauf que la salopette y est intégrée ainsi que des bottillons. Aux poignets et au cou, on retrouve le système des blousons de kayak, c’est-à-dire une cheminée en néoprène. On peut donc, pour choisir sa combinaison, mixer tous les desiderata que l’on a pour le blouson de montagne et le blouson de kayak.
Souple et bien coupée. Je ne connais qu’une solution pour tester ce critère : l’essayer. Enfilez la combinaison, mettez-vous en position de pagayage et, en moulinant avec les bras, vous ne devez ressentir aucune gêne. Faites des mouvements désordonnés et jamais la combinaison ne doit vous gêner par son ampleur. C’est le même problème qu’avec un blouson de montagne, plus il sera ample, moins il entravera vos mouvements, mais il vous paraîtra pataud et bouffant, peu pratique. Plus il sera ajusté, plus vous serez précis et plus il sera facile à chauffer, mais plus il vous gênera dans vos mouvements. En magasin, la combinaison est désagréable à essayer, mais il ne faut pas hésiter. Ne pas oublier également de la tester avec différentes configurations d’habillement en dessous.
Respirante. Aujourd’hui on réclame de tous nos vêtements techniques d’être imperméables et respirants. La combinaison de survie ne déroge pas à la règle, elle doit être respirante en plus d’être, non pas imperméable, mais étanche.
Facile d’utilisation. Normalement toutes les combinaisons ont un zip ventral, mais il reste encore quelques modèles avec un zip dorsal. C’est une aberration, on ne peut pas la fermer seul, elles sont à proscrire. Toutes n’ont pas la même longueur de zip, ni exactement le même emplacement d’ouverture, il ne faut pas hésiter à enlever et remettre plusieurs fois la combinaison dans le magasin pour se rendre compte de sa facilité d’utilisation. Je trouve par exemple que lorsque le zip remonte trop au-dessus de l’épaule, généralement la gauche, la manipulation pour l’ouverture demande un peu trop de souplesse.
Il est aussi intéressant s’imaginant enlever la combinaison avec des douleurs articulaires, c’est-à-dire sans pouvoir bouger énormément épaules et omoplates. L’exercice se révèle alors beaucoup plus difficile. Mais qui n’a jamais connu ce genre de douleurs après de longues périodes de pagayage ?
Accommodant… Les ouvertures pour faire ses besoins sont les bienvenues. Sujet délicat pour les constructeurs mais toujours d’actualité. Certaines combinaisons proposent des ouvertures devant et derrière pour ne pas avoir à retirer toute la combinaison. Elles sont plutôt à chercher du côté des marques de kayak, en particulier anglaises, que du côté de celles des voilieux qui ont moins à prendre en compte ce problème, pouvant se réfugier à l’abri de la cabine.
Mais il ne faut jamais oublier que plus il y aura d’ouvertures dans la combinaison, moins elle sera étanche. L’équation est donc à prendre en compte, sécurité versus « confort ». Le terme confort à mettre ici entre guillemets tant l’inconfort que cela peut engendrer lorsque l’on est assis dans un kayak peut être grand.
Résistante. Comme pour tout matériel de cette importance – votre vie est ici en jeu – n’hésitez pas à être suspicieux quant à la qualité de fabrication du vêtement. Regardez en détail toutes les coutures à l’intérieur et à l’extérieur, frottez fortement les membranes pour vérifier si un décollement, voire un échauffement, n’a pas lieu. Tirez sur les points de colle, bref, n’hésitez pas à la malmener dans le magasin, vous serez toujours plus doux qu’un gros caillou venant vous câliner.
N’oubliez pas de vérifier le point noir de ces combinaisons : les parties entourant les pieds. C’est l’endroit le plus fragile de la combinaison et nous devrons y porter toute notre attention pendant l’expédition. Voilà pourquoi, entre autres, il nous faut impérativement des chaussures dans le kayak.
Accessoirisation. Même idée que le gilet, regardez l’accessorisation de la combinaison. Le mieux est de n’avoir aucune accessoirisation au niveau du bassin et des hanches pour ne pas provoquer de frottement avec l’hiloire, mais d’en avoir au niveau du buste et des bras.
Bottes. Si vous ne portez que des sandales ou de vieilles baskets, ce critère ne vous concerne pas. Si vous portez des bottes par contre, chaussure la mieux adaptée aux conditions terrestres de notre périple, il est intéressant, voire primordial, que la combinaison propose une guêtre enserrant la botte. Ainsi l’eau ne rentrera pas dans la botte.
Si cette guêtre n’est pas présente sur votre combinaison, vous pouvez y palier en bricolant un système de serrage avec une vieille chambre à air. Plus rustique et moins agréable, c’est le système que Bernard Moitessier a utilisé pendant son tour du monde à la voile.

Chausses

Comment se chausser ? Comme déjà expliqué, un des points principaux à prendre en compte est le volume global du matériel.
Alors, partir avec plusieurs paires de chaussures adaptées à chaque moment de l’expédition ? Solution trop volumineuse.
La botte : Sur les terres des canaux patagons, la chaussure la mieux adaptée est la botte en caoutchouc avec semelle bien crantée. Les habitants l’utilisent tous. Nous l’achèterons donc directement à Punta Arenas.
Mais je suis personnellement angoissé à l’idée de me retrouver à l’eau avec des bottes aux pieds. Impossible de nager, l’eau s’engouffre malgré les guêtres de la combinaison et, immédiatement, on coule avec. Film un peu simpliste me direz-vous, mais je n’arrive pas à me le sortir de la tête. Vous penserez certainement qu’il suffit alors de les enlever dans l’eau si jamais on venait à se retourner. Mais j’aurais l’air malin en chaussettes pour le reste de l’expédition.
La sandale : Nous sommes donc partis sur une paire de chaussures pour la mer et une autre pour la terre.
Je pourrais vous expliquer ce qui nous a mené à choisir des « Crocs », ou équivalent, mais j’ai trouvé sur l’excellent blog Le Kayak et la Mer, un superbe article qui résume le tout. Je vous invite donc à vous y rendre.
Rajoutons que l’espace disponible au niveau des cale-pieds est bien plus haut que sur un kayak de rivière ou un mer taillé pour la vitesse. Les chaussures n’ont donc pas le risque de venir cogner contre la coque.

Manchons et gants

Les manchons sont indispensables dès que la température chute.
Chaleur : Il y a des modèles avec fourrage polaire. Les plus chauds seront les bienvenus.
Séchage : En plus de ses capacités à tenir chaud, les manchons doivent pouvoir sécher très vite. Ce n’est malheureusement pas le cas des modèles que nous avons trouvés.
Des gants spécifiques à l’usage de la pagaie existent. Nous n’avons pas encore pu en tester. Nous en emmènerons car la sensation de froid sur des mains mouillées peut être glaciale.



VÊTEMENTS À TERRE

Sous-vêtements

Les sous-vêtements sont une des pièces maîtresses du « bien habillé », c’est pourquoi il faut y faire particulièrement attention.
Expulsion de la sueur : Le but premier du sous-vêtement, avant même la chaleur, est d’expulser la sueur. Certaines marques ne basent leur communication que sur la chaleur, c’est pour faire oublier qu’en termes d’évacuation elles ne valent rien.
Chaleur : Le sous-vêtement est la couche que vous n’enlèverez a priori jamais dans la journée, donc méfiez-vous de ne pas en porter de trop chaud. Avoir un sous-vêtement adapté à la température extérieure est la clef pour être à l’aise dans ses vêtements.
En Patagonie occidentale existe une double réalité : un climat à la fois extrêmement changeant et parfaitement monotone.
Sur le court terme, l’échelle de l’heure, les variations météos peuvent être énormes. La température effectue des sauts de 10°, la neige remplace le soleil et la pluie est balayée par des vents soudains.
Ces conditions ne permettent pas de faire un choix judicieux de sous-vêtements. L’idée serait alors de se baser sur les conditions les plus clémentes pour avoir loisir d’ajouter, au moment opportun, des couches supplémentaires.
Au niveau de l’eau, on peut espérer que ces sautes d’humeur météorologiques sont atténuées comparativement à ce qu’il se passe à terre.
Sur le plus long terme, José Emperaire notamment, dans Les Nomades de la mer, utilise l’adjectif de monotone pour décrire la météo à l’échelle de la semaine, du mois et de l’année. En effet, si l’adage « les quatre saisons peuvent défiler en une journée » se vérifie amplement, on pourrait également transformer l’expression populaire franchouillarde « y’a plus de saison ma bonne dame », par « y’a pas de saison ma bonne dame ». Au mieux, on identifie l’hiver et l’été, mais de printemps et d’automne point, tant les différences climatiques sont minimes.
Alors bien sur, mieux vaut se fier à la dimension temporel de la journée pour choisir le niveau de chaleur de nos sous-vêtements. Mais si, même à l’échelle d’unjournée, on ne pouvait décrire efficacement les conditions météos ?
Alors nous ferons le pari d’un sous-vêtement « frais » pour la journée et d’un « chaud » pour la nuit.
Et voilà comment une science, la météorologie, devient chiffon. Je ne suis pas très glorieux au terme de cette démonstration, ah !, Nei Tsing Sou Wen et Aristote, ne m’en voulaient pas.
Et voilà un peu de mélo tragique pour me dédouaner.
Bactéries : Un sous-vêtement technique, appelé également sous-vêtement thermique, doit se porter près du corps, le mouler. Cette promiscuité corporelle implique une possible apparition de problèmes de peau et de développements bactériens. Pour remédier à ce problème, les fabricants ont changé la forme de leur maille et affirment pouvoir empêcher le développement bactérien grâce aux alvéoles spécifiques qu’ils ont mises au point. Croyons-les, il est toujours agréable de se persuader de la bonne tenue de notre hygiène.
Odeur : Les sous-vêtements thermiques sont connus pour acquérir rapidement une odeur pestilentielle caractéristique d’un vieux rat crevé. Odeur qui, après quelques utilisations, devient la marque de reconnaissance de votre vêtement, ne s’en va plus au lavage et vous offre une place privilégiée dans les vestiaires de votre club préféré ou dans les transports en commun, n’hésitons pas. Mais il semblerait que l’histoire du sous-vêtement thermique est en train de vivre une véritable révolution, tout bonnement, et que certains modèles réussiraient à préserver une allure odorante digne d’un gentleman anglais. Le secret serait de prendre des sous-vêtements contenant de la laine. Je ne m’avancerais pas sur cette solution miracle, nous la testerons pendant ce voyage et vous en dirons plus au retour, mais heureusement, ni vestiaires, ni transport en commun sur notre parcours.
Séchage rapide : Après lecture du passage ci-dessus, on comprendra aisément que le vêtement doit sécher rapidement afin d’être lavé souvent. Surtout que, paragraphe ci-dessous.
Quantité : Par personne, nous emportons, 2 collants, 2 t-shirts et 2 caleçons. Je me demande même si 1 collant ne suffirait pas. L’idée simple est d’en porter un la journée et un le soir, celui de la journée étant lavé périodiquement le soir et mis à sécher durant la nuit. Ce procédé permet un gain de place drastique et limite les questions d’intendance.

Chaussettes

Les chaussettes ne sont pas à traiter comme un sous-vêtement, entre autre du fait que ce ne sont généralement pas les mêmes marques qui proposent des sous-vêtements thermiques et des chaussettes.
Que dire sur les chaussettes ?
Il faut choisir entre des montantes et des basses. Le choix semble assez évident.
Il faut en choisir qui ne pluchent pas et qui ne font pas mal au pied, n’importe quel vendeur l’expliquera mieux que moi.
Il faut en choisir qui ne s’imprègnent pas trop des odeurs. Mon expérience m’a appris que sur ce point, entre la théorie et la pratique il y a souvent un fossé. Je sais qu’en ce qui me concerne, sur la question de l’odeur, il vaut mieux que je prenne des chaussettes réputées sentir fortement plutôt que celles réputées inodores. Allez savoir pourquoi…
En tout cas, les chaussettes de qualité ne s’abîment pas après plusieurs mois d’utilisation intensive. Ce sont des produits à la résistance assez surprenante.
Nous pouvons donc nous permettre de n’en emporter que 2 paires par personne, toujours une pour la journée et une pour la nuit.

Sweat thermique

Les sweats thermiques ont vécu une petite révolution il y a quelques années et rivalisent à présent, en terme de chaleur, avec nombre de polaires. Leur avantage est de prendre moins de place dans le sac et d’être plus près du corps ce qui permet une plus grande liberté de mouvement, une meilleure capacité à expulser la sueur et la formation plus rapide d’un espace d’air chaud.
Seul défaut, ils résistent très mal à la chaleur extérieure et leur matière peu fondre en passant, par exemple, au-dessus d’une simple bougie. Une polaire classique sera moins vulnérable à cette flamme.
Nous en emporterons un chacun et, si nous devons choisir entre une polaire classique et un sweat de ce type, nous n’hésiterions pas : le sweat.

Pantalons imperméables

Ce qu’on leur demande : imperméabilité, légèreté, résistance et coupe-vent. Les sur-pantalons et les pantalons répondent à ces demandes. Les premiers sont moins chers.
Nous en aurons un chacun lorsque nous serons à terre pour ne pas risquer d’abîmer la combinaison de survie.

Doudoune

La doudoune est l’arme ultime contre le froid. Synthétique elle durera plus longtemps, mais sera moins chaude. Naturelle, elle sera plus chaude mais durera moins longtemps. Vu les conditions que nous allons rencontrer une synthétique suffira.
La doudoune n’est que pour les positions statiques, cette fabrication n’étant pas compatible avec des capacités d’évacuation de la sueur.
Il existe à présent des doudounes compressibles surprenantes qui se laissent facilement oublier dans le fond du sac.
Le mieux est évidemment une doudoune avec membrane extérieure imperméable, mais augmente avec le prix.
Toutes les doudounes sont particulièrement sensibles à la chaleur. Attention aux flammèches à proximité d’un feu. La moindre étincelle et la doudoune fond, direction la poubelle.

Blousons

Les blousons sont l’objet de toutes les attentions, des marques comme des acheteurs. Mais répétons ce qui est écrit partout : un excellent blouson ne sert à rien si on n’a pas enfilé en dessous les vêtements adéquats.
On demande aux matières d’un blouson d’être imperméable, résistant à l’abrasion et respirant. On lui demande également de laisser toute liberté aux mouvements.
Aérations : Une certaine mode a placé les ouvertures d’aération sur la poitrine plutôt que sous les aisselles pour une histoire de bretelles de sac à dos. C’est à mon sens une erreur. Sous les aisselles, la sensation de fraîcheur, une fois l’aération ouverte, est beaucoup plus agréable, même avec un sac à dos. N’hésitez pas à faire des tests en magasin en portant un sac à dos chargé. Ces aérations sont parfois doublées d’un filet et empêchent la béance de l’ouverture. Ce petit plus est particulièrement appréciable. Lors d’une chute dans la neige, il n’y a que très peu de poudre qui s’infiltre dans le blouson. Lors d’une marche dans les bois, les branches ne viennent pas s’immiscer par l’ouverture. Je me demande d’ailleurs pourquoi toutes les marques n’installent pas ce filet de protection ?
Imperméabilité : Les vestes d’alpinisme sont surprenantes et bien supérieures aux vestes de glisse, ski ou snowboard. Les vestes de randonnées font également souvent l’affaire. Aujourd’hui il n’est plus question d’accepter que de l’eau entre dans votre veste, même au niveau des fermetures Eclair.
Par contre, les revêtements des vestes s’abîment relativement vite. Après 6 mois passés sous la pluie et jamais séchés, ils se désagrègent très rapidement et ce n’est pas forcément visible à l’œil.
Toutes les marques matraquent des chiffres de résistance à l’eau tous plus incroyables les uns que les autres. Je ne remets pas en cause ces chiffres, mais leur signification. L’eau s’infiltre le plus souvent via les coutures ou les fermetures éclairs. Avoir un excellent tissu imperméable mais des coutures de mauvaise qualité ne serre donc à rien. Je me souviens, il y a quelques années, avoir réalisé un test pour un magazine. Nu, je me collais des feuilles de papier journal sur le corps, revêtais un blouson et me collais sous la douche. Ce test m’a toujours semblé très juste. Je ne l’ai jamais vu reproduit depuis. Dommage.
Liberté de mouvements : Les marques rivalisent en patchwork de matières pour assurer une meilleure liberté de mouvements. Que dire si ce n’est de tester en boutique le blouson en n’hésitant pas à exagérer ses mouvements et voir si votre mouvement est gêné et si le blouson remonte au niveau de la taille au point de laisser apparaître à l’air libre votre ventre rebondi. A mon avis, mieux vaut un blouson sans patchwork de matières mais dont la coupe correspond parfaitement à votre corps qu’un blouson aux multiples matières mais dont la coupe ne sera pas aussi adaptée que la précédente.
Cheminée au niveau du cou : Le cou est un endroit particulièrement sensible au froid du fait de la proximité de grosses veines avec l’air extérieure, et parce que sous la nuque se trouve un régulateur de la température corporelle. Il est donc important d’apprécier cette partie du blouson. Imaginez-vous en pleine tempête. Rentrez la tête dans les épaules. Laissez passer la bourrasque et vous saurez si votre blouson est adapté.
Il faut que la cheminée soit ni trop souple ni trop rigide. Trop souple, elle s’effondre sur elle-même et ne protège plus le cou. Trop rigide, elle vient frapper votre menton à chaque mouvement de tête, vous irrite et devient insupportable. Si ma référence est le blouson de montagne pour sa liberté de mouvement, certaines vestes marines proposent un intéressant système de cheminée. Elles sont beaucoup moins souples et agréables à porter, mais au niveau du cou, la cheminée est parfois désolidarisée du reste du blouson et la fermeture Eclair principale s’arrête sous la cheminée. Ce système m’a semblé judicieux et j’attends de le voir appliqué à un blouson de montagne pour le tester en conditions.

Gants et bonnet

J’emmène toujours des petits gants séchant très vite et maintenant, bien que non imperméables, une chaleur relative. La chaleur provenant du contact du textile sur la peau est d’ailleurs moins une réalité qu’une sensation.
Nous emporterons également des gants chauds et imperméables. Sur le papier, ils ne sont pas nécessaires, mais nous préfèrons nous méfier. Une fois froids, les doigts seront difficiles à réchauffer, réchauffer n’ayant rien à voir avec maintenir chaud. Je ne rappelle pas ici la meilleure technique pour se réchauffer. Celle qui consiste à mettre ses mains, bien au chaud, dans son caleçon.
Chacun son bonnet, avec, au minimum, une zone polaire au niveau des oreilles. Le bonnet doit être également coupe vent.
Si les bonnets en laine sont particulièrement chauds, il faut se méfier de leurs mailles qui laissent passer le vent. Un bonnet en laine non doublé par une autre matière coupe-vent, doit au moins avoir deux épaisseurs tricotées selon un maillage décalé. Voilà pourquoi mettre deux bonnets en laine l’un par-dessus l’autre est souvent très efficace.

MATÉRIEL DE BIVOUAC

Lampes frontales

Évidemment nous aurons chacun notre frontale.
Puissance : Elles nous serviront le soir au campement et n’ont donc pas besoin d’être très puissantes. Les frontales utilisées pour faire du traîneau à chiens par exemple, pourraient être utiles pour la navigation de nuit, mais elles consomment énormément et il faut avoir un gros stock d’ampoules avec soi.
Clignotement : Avoir un signal clignotant nous sera très utile. La lampe du navigateur avant tournée vers l’arrière et celle du navigateur arrière vers l’avant, nous permettront de garder le contact en cas de faible luminosité. Le clignotement de la lampe se repère loin sur l’eau.
Evidemment, ne pas oublier les recharges de piles. Deux recharges devraient suffire pour toute la durée de l’expédition.

Réchaud

Nous ferons du feu au maximum. Le bois flotté, très sec, que nous trouverons devrait nous y aider. Il n’en reste pas moins que nous devons impérativement emporter un réchaud.
Combustible : La première caractéristique d’un réchaud est son produit de combustion. Il en existe au gaz, à l’essence, à l’alcool et au bois.
Je n’en ai jamais utilisé au bois, mais ils sont peu rentables et peu pratiques paraît-il. Leur énorme avantage est la facilité de trouver du combustible. Par méconnaissance, nous ne les utiliserons pas.
Les réchauds au gaz sont souvent reconnus comme les plus rentables et les plus efficaces. Mais la difficulté de trouver le combustible –la bouteille devant souvent être d’une marque spécifique – les rend peu utiles dès que l’on sort des sentiers battus. Nous ne les utiliserons donc pas.
Les réchauds à alcool ne sont pas très puissants, mais sont souvent indestructibles, je pense ici à la célèbre Trangia, et d’une simplicité d’utilisation exemplaire. L’alcool est certainement le produit le plus répandu dans le monde après l’eau. L’alcool ne gèle que très rarement et on peut donc l’utiliser dans quasiment toutes les conditions. Ces réchauds sont parfaits et on ne peut leur repprocher que leur manque de puissance.
Les réchauds à essence sont très répandus et fournissent une puissance de cuisson énorme. On trouve de l’essence, gasoil compris, quasiment partout dans le monde. Dans notre cas, chaque village et chaque bateau de pêche pourra nous en fournir. C’est certainement le combustible qui nous sera le plus facile à trouver.
Le gros inconvénient de l’essence est son risque de contamination du matériel et de la nourriture qui l’entoure. De l’essence sur un vêtement est extrêmement difficile à nettoyer, de même, de la nourriture ayant reçu de l’essence devient immédiatement impropre à la consommation. Il faut donc être très vigilant avec les réserves d’essence.
Les mécanismes de ces réchauds sont parfois un peu complexes et composés de nombreuses petites pièces. Il est bon d’en démonter tout le mécanisme avant de partir pour comprendre d’où pourrait provenir la panne le cas échéant (souvent un joint qui a glissé).
Après avoir hésité avec le réchaud à alcool, c’est avec un réchaud à essence que nous partirons, accompagné d’un réchaud de secours du même procédé.
Je n’ai pas encore calculé la quantité de combustible à emporter. Si quelqu’un a un calcul simple à me proposer, il sera le bienvenu, cela m’évitera de me plonger dans mes carnets de notes.
Se construire un pare-vent, quelque soit le type de réchaud utilisé, change définitivement le rendement.
Le magazine Carnets d’aventures a publié dans son n°11 un test assez complet des différents réchauds. Vous pouvez retrouver une bonne partie de ce test ici.

Briquets

Nous allons emporter un ou deux briquets au magnésium. Nous n’en avons jamais utilisé, ce sera la découverte.
Sinon, les bons vieux briquets Bic sont, sans conteste, les plus fiables.

Popotte (pour 2)

2 tasses légères, types quart, servant aussi bien d’assiettes, de bols que de verres,
2 grandes cuillères,
2 couteaux,
1 ou 2 casseroles allant également sur un feu de bois,
1 couvercle pouvant servir de poêle,
1 manche

Tente

La tente sera notre « home, sweet home ». Elle est, à ce titre, particulièrement importante alors que nous serons dans une des régions où il pleut le plus au monde (au moins pour une partie du périple) et où les vents sont particulièrement violents.
Ces caractéristiques doivent être : imperméabilité, évacuation de la condensation, solidité et résistance au vent.
Imperméabilité : Encoller les coutures de la tente permet d’augmenter sensiblement son imperméabilité. Vérifier également que toutes les parois sont bien tendues sans contact entre elles. Une paroi détendue est une paroi qui ne sèche pas et laisse passer progressivement l’eau.
Évacuation de la condensation : C’est le point faible de toutes les tentes. Une forte condensation s’y forme et les réclames publicitaires auront beau vanter leur qualité d’évacuation, je n’ai encore jamais trouvé une tente réellement efficace sur ce point. Avoir une tente de forme allongée avec une ouverture à chaque extrémité permet au moins de créer un courant d’air léger évacuant la condensation. Mais la sensation de froid interdit de laisser s’installer ce courant d’air toute la nuit.
Solidité : Lorsque l’on monte une tente ou la démonte, on a besoin d’aller vite et d’être parfois un peu brutal. Les petites accroches type clips sont à proscrire, ils se cassent systématiquement. Il est bon également de pouvoir, le cas échéant, rouler d’un coup le double toit et la tente intérieure. Il ne faut pas hésiter à tester le tissu en le mouillant, le pliant, le laissant deux jours en tapon dans un coin, le déplier, le remouiller, et ainsi de suite afin de voir si des moisissures ou des déchirures apparaissent. Dans une région pluvieuse, comme la Patagonie chilienne par exemple, on ne pourra souvent pas faire sécher sa tente avant de la plier.
Résistance au vent : Longtemps ce fut le cheval de bataille de nombre de fabricants de tentes. Je suis surpris de voir aujourd’hui où ils en sont arrivés. Les tentes prévues pour des conditions de forts vents ne bougent plus, ne plient pas et, installé à l’intérieur, à part le bruit, on ne perçoit plus rien.
Dans notre cas, pour parfaire le tableau de la tente idéale, je spécifierais que nous n’avons pas l’intention de faire la cuisine à l’intérieur de la tente. Nous devrons toujours nous débrouiller pour la faire à l’extérieur. Si jamais nous avions eu l’idée de faire la cuisine à l’intérieur, il aurait fallu prendre d’autres critères en compte dans le choix de la tente.
MSR nous a proposé sa tente Wind 2 à un prix imbattable. Les produits de cette marque rivalisent, depuis quelques années sur le marché français, avec les plus réputés. C’est donc avec elle que nous partirons. J’en profite pour remercier Eric de P.L. Diffusion pour son aide.

Sacs de couchage

Le temps du sommeil est le seul vrai moment où l’on récupère en expédition. Le choix du sac de couchage est donc primordial.
La chaleur : Comment faire autrement que croire, sur ce point, les indications du fabricant ? Je ne sais pas, je m’y fie donc. J’ai toujours été partisan de prendre un sac censément un peu trop chaud. Ne pas oublier également qu’on ne s’habille pas de la même manière dans un sac de couchage que dans son lit à la maison ! Sous-vêtements haut et bas sont de rigueurs, sweat et doudoune toujours à portée de main.
La taille : Il ne faut pas hésiter à prendre le sac de couchage juste à sa taille. Plus il sera grand, plus il sera difficile à réchauffer.
Le confort : Le confort d’un sac de couchage, une fois déterminées ses capacités calorifiques, semble bien abstrait. J’y porte tout de même une véritable attention. Un sac de couchage joli, qui, visuellement, donnera la sensation de chaleur, bouffant agréablement, sera beaucoup plus performant pour la récupération du dormeur. C’est une donnée psychologique à laquelle je crois fortement. Il faut en arriver à aimer son sac de couchage.
La durée de vie et le volume : La durée de vie d’un sac de couchage synthétique est courte (3 à 5 ans), celle d’un plume naturel beaucoup plus longue (15 ans ?). Le volume du synthétique est également beaucoup plus important que le naturel (x2 à x3).
Résistance à l’humidité : Le seul vrai intérêt du synthétique est sa résistance à l’humidité. Mouillé, il conserve toutes ses capacités. Un sac naturel perdra quant à lui toutes ses capacités une fois mouillé ou humide. Il les recouvra à nouveau sec, mais il est assez difficile de correctement sécher un duvet naturel. Il peut alors être indispensable d’utiliser un sur-sac. Il faut alors obligatoirement qu’il soit respirant sinon l’effet sera inverse de celui escompté à cause de la condensation qui surviendra.

Tapis de sol

Un sac de couchage sans tapis de sol n’est pas au mieux de ses performances et c’est un euphémisme. Se passer de cet accessoire n’a donc aucun sens. Les tapis à air sont, sans conteste, les meilleurs, les plus legers et les moins encombrants – prenez un demi.

Bâche

Pour vivre au bivouac hors de la tente, nous emmènerons une bâche légère et imperméable avec des anneaux aux extrémités pour pouvoir la tendre entre des arbres.

Couverture de survie

Nous aurons 2 couvertures de survie réutilisables. L’une sera réservée au secours et sortie uniquement en cas d’accident. L’autre servira à isoler chaque soir la tente du sol.

Gourde

Les gourdes type camel bag sont vraiment très pratiques. Malheureusement, vu que nos gilets de sauvetage ne sont pas équipés de poche pour camel bag, il ne nous servira à rien d’en avoir. Nous aurons donc des poches à eau basiques mais de qualité afin de ne pas avoir le gout de plastique dans la bouche.
Nous aurons chacun 4 litres d’eau dans nos kayaks.
Il y a en Patagonie occidentale un nombre impressionnant de cours d’eau. Récupérer de l’eau douce ne sera donc pas un problème.

Filtre à eau

Par sécurité, nous emporterons un filtre à pierre. Il nous permettra de récupérer de l’eau croupie dans les flaques ou les marécages si jamais nous n’avons pas trouvé de rivière.
Nous n’emportons pas de pastilles purifiant l’eau. Ces pastilles ont une action chimique sur la flore intestinale et fragilisent l’organisme. Prendre des pastilles, c’est se condamner à en être tributaire durant toute l’expédition.

Outils

Avant le départ, il est impératif de repérer tous les écrous et têtes de vis présents dans notre paquetage. On peut alors définir l’outillage exact que l’on doit emporter.
Il faut y ajouter les outils de base pouvant être utiles en toutes circonstances, sans oublier, peut-être, une petite chignole, pour le bois et le métal.
Ne pas oublier également les colles, bandes et patchs afin de rapiécer tout notre attirail, de la pièce plastique au textile.

Jumelles

La paire de jumelles n’est pas là uniquement pour le plaisir. Au-delà de l’aspect naturaliste, l’ustensile est déterminant pour établir une bonne navigation et anticiper les problèmes.

Sac de rangement

Tout ce que nous emportons est rangé dans des sacs étanches. Le sac est supérieur au bidon en cela qu’il permet d’optimiser la place occupée dans le kayak.
Différentes marques proposent aujourd’hui des sacs adaptés à la forme des kayaks. On peut même en trouver spécifiquement réalisés pour le Kodiak.
Ils doivent être extrêmement résistants et d’une taille raisonnable pour que leur mise en place ne soit pas un calvaire.
Lorsque le kayak est bien chargé, il est souvent préférable de mettre le sac vide dans le compartiment, puis de le remplir. Si cette partie s’avère assez facile, la fermeture du sac, plein et déjà chargé dans le kayak, est, par contre, plus délicate.

Sacs à dos

Dans cette expédition, les sacs à dos serviront au cours des marches à la journée lorsque les conditions nous empêcheront d’avancer. Ils n’ont pas besoin d’être particulièrement techniques.
Nous envisageons de pouvoir les transformer en harnais lorsque nous devrons tirer nos embarcations à terre ou en remontée de rivières lors des portages. Cette idée est à mettre en parallèle avec l’utilisation du gilet de sauvetage.
Petit détail, l’accessoirisation en sangles, pontets et autres, bien pratique en randonnée en terrain dégagé, voire en montagne, s’avère parfois très encombrante en forêt dense. Le sac qui s’accroche à la moindre branche devient vite exaspérant.



COMMUNICATION

Téléphone satellite

La société SeaMobile nous prête un téléphone satellite de la marque Iridium.
Nous sommes totalement novices dans son utilisation. Ce sera une découverte.
Ce que je peux en dire, est que le réseau Iridium est certainement le plus étendu. Il est le seul à couvrir les pôles par exemple. Il repose sur 66 satellites et existe commercialement depuis 1988. C’est la société Motorola qui l’a créé. Il a failli disparaître il y a quelques années. Des expéditions aux pôles se sont alors subitement vues informer que leur abonnement Iridium allait prendre fin sans autre moyen de remplacement pour rester en contact avec leur équipe… Petits moments d’angoisse relatés dans différents récits d’expédition parus depuis. Finalement, à ma connaissance, toutes les expéditions en cours ont pu utiliser leur téléphone jusqu’au terme de leur aventure.
La société SeaMobile nous a affirmé que cet événement ne se reproduira pas, la société Iridium ayant été depuis rachetée, l’armée américaine ayant pris des parts étant l’un des utilisateurs du système.
Nous aurons le Motorola 9505A, le modèle le plus répandu.

Balise de détresse

Il ne faut pas confondre les balises de détresse avec d’autres matériels. La balise de détresse est un objet qui envoie un signal à une station terrestre prédéfinie, le CNES à Toulouse pour les balises déclarées en France. Ni plus ni moins.
Le déclenchement d’une balise de détresse lance une procédure de secours extrêmement rapide et performante. Le signal émis n’a en effet qu’une signification : besoin d’assistance immédiate, danger de mort. La mise en marche d’une balise n’est donc pas quelque chose d’anodin. Elle entraîne la mise en danger potentiel de secouristes et le déploiement de moyens onéreux.
A-t-on besoin d’une balise de détresse ? La question est légitime lorsque l’on a un autre moyen de contacter les secours, dans notre cas le téléphone satellite décrit ci-dessus. L’intérêt de la balise est qu’elle propose la diffusion d’un message on ne peut plus limpide : danger, demande de secours immediat. La balise propose également une procédure de déclenchement extrêmement simple qui peut être réalisée dans pratiquement toutes les conditions. Enfin, le signal de la balise est plus facilement capté par l’interlocuteur a qui il est destiné que dans le cas d’un signal émis par un telephone satellite. Il n’y a pas de grésillements ou d’effet parasite dans le message grâce à la plus stricte simplicité du message : signal reçu = danger immédiat. En terme de sécurité, la balise de détresse est donc bien plus performante qu’un téléphone satellite.
Quelles sont les differences entre deux balises ? Il existe deux grands types de balise de détresse : celles reliées à un nombre restreint de satellites et celles reliées au système GPS proposant un nombre beaucoup plus élevé de satellites. Les deux grandes différences qui en découlent sont le temps de réception du message, respectivement de l’ordre de 60 minutes et de 5 minutes, et la précision de la localisation, d’environ un kilomètre et demi et 70 mètres.
En ce qui nous concerne, et uniquement en ce qui nous concerne pour cette expédition, voici les critères auxquels nous nous sommes attachés :
Critères géographiques : Cela paraît évident mais on l’oublie vite, les balises ne proposent pas toutes une couverture mondiale. A vérifier donc. De plus, historiquement les balises ont été développées pour le bateau, marine marchande et plaisance, et n’assurent pas obligatoirement un bon repérage à terre. Le modèle choisi doit donc couvrir la région où est prévue l’expédition ainsi que la zone maritime et terrestre.
Temps de localisation : On l’a vu, ces deux critères sont liés et reviennent, en pratique, à choisir entre une balise « classique » et une GPS. La différence entre les deux est bien évidemment le prix, relativement élevé, de ces engins. À mon sens, il faut pour choisir, imaginer ce qu’il peut se passer entre le moment où l’on déclenche la balise et le moment où les secours arrivent. Si l’expédition se déroule en un endroit où les secours peuvent être sur place rapidement, chaque seconde compte et l’utilisation d’une GPS se révéle judicieuse. Si vous êtes dans un endroit où les secours mettront, quoi qu’il arrive, plusieurs jours à arriver, les secondes et les minutes sont-elles alors importantes ? Je sais bien qu’en secours chaque instant compte, et que même après une semaine, tout peut se jouer sur les derniers instants, les dernières minutes, mais il faut parfois regarder la réalité en face. Si les secours mettent une semaine à arriver et que vous estimez être à la minute près, alors il y a forte probabilité pour que les secours arrivent de toute façon trop tard. La GPS n’est peut-être alors pas obligatoire et la « classique » devrait faire l’affaire.
Un autre facteur est le fait que nous soyons deux. Le secours est quelque chose qui peut se jouer en terme de minutes, c’est vrai, le premier secours n’est donc pas celui qui viendra de l’extérieur, mais bien celui que nous saurons nous prodiguer, à nous même et à l’autre. Seul, l’acquisition d’une balise de détresse GPS peut prendre tout son sens. En équipe on peut considérer que la classique fera l’affaire.
Précision de la localisation : Les balises GPS sont indéniablement meilleures. Tous ceux qui ont déjà participé à des opérations de sauvetage, que ce soit en mer ou à terre, savent à quel point il peut être difficile de localiser une personne sans autre aide que le contact visuel dans un périmètre extrêmement restreint.
Les GPS assurent une localisation à 70 mètres près. En mer, on peut estimer que le repérage sera alors relativement facile. Mais sur terre, le périmètre défini peut être déjà insuffisant pour une intervention rapide, particulièrement si, comme dans la majorité des cas, la personne à secourir s’est logée au cœur d’une forêt inextricable ou d’un enchevêtrement montagneux avec crevasses et autres joyeusetés.
Les balises classiques proposent une localisation de l’ordre de 1500 mètres. Il faut avouer que même en mer, retrouver une embarcation ou un objet dérivant avec une telle imprécision est extrêmement difficile, en particulier si les sauveteurs arrivent sur zone en pleine nuit, en pleine tempête, dans le brouillard, sous la pluie et… une accumulation finalement peu étonnante au moment où l’on déclenche une balise de détresse. Sur terre, un périmètre de 1500 mètres dans des conditions météos difficiles et un terrain compliqué est d’une imprécision souvent insurmontable.
Un critère vient toutefois tempérer la sentence sans appel que je viens d’infliger aux balises classiques : le fait d’être en équipe. Si l’un d’entre nous peut préparer le terrain pour amener les secouristes sur le lieu exact où repose le blessé, alors l’importance de la précision de localisation peut-être moindre. J’ajouterais à cela que, dans notre cas, il faut associer la balise de détresse aux feux de détresse que nous emportons, conformément aux usages maritimes et aux instructions des autorités chiliennes. Si l’un d’entre nous repère l’arrivée des secours, il peut alors leur montrer le chemin grâce à ces feux de détresse. La localisation précise de la balise n’ayant alors plus aucune importance.
On peut d’ailleurs aisément estimer que l’utilisation d’une balise de détresse, quel que soit son modèle, doit être couplée à l’usage des feux de détresses dans un enchaînement de temps adéquat.
Volume, poids, étanchéité : Ces critères sont également à prendre en considération.
Conséquence de l’utilisation d’une balise de détresse : Ce critère aurait du être placé en premier. J’ai toutefois décidé de le mettre en dernière position pour respecter la véracité de la démarche que nous avons eue. Le positionnement de ce critère en dernière position est révélateur de notre manque d’expérience et de notre immaturité face aux réalités d’une expédition en milieu difficile. Nous ne l’avons pris en considération qu’après avoir fait notre choix et qu’à la suite de diverses discussions.
Déclencher une balise de détresse, c’est potentiellement mettre en danger la vie de sauveteurs. Si, dans bien des endroits, ces sauveteurs ont les moyens d’intervenir avec un risque, pour eux, très faible, il existe tout de même des lieux difficiles d’accès quels que soient les moyens déployés. Connaissant l’implication des sauveteurs dans leur métier, il n’est pas rare que ceux-ci se placent délibérément dans des conditions critiques pour nous venir en aide. Avant de se décider à emporter une balise de détresse, il est donc logique d’anticiper les risques que pourront, devront, encourir les sauveteurs pour venir nous chercher.
En ce qui nous concerne, tous les lieux où nous serons sont accessibles par mer et les bateaux de l’armée chilienne sillonnent inlassablement les canaux patagons. Ils ne devraient donc prendre que des risques minimes si nous déclenchons notre balise de détresse.
Petit rappel : Il ne faut pas oublier de déposer son parcours au CNES avant le départ, ni de vérifier s’il n’est pas temps d’emmener sa balise en révision (généralement tous les 5 ans, la date de revision est inscrite dessus).
Rappel : Ce n’est pas parce que nous avons une balise de détresse, que celle-ci soit classique ou GPS, que nous devons pour autant attendre les secours en se croisant les bras. Le déclenchement d’une balise de détresse ne signifie pas que l’utilisateur est sauvé !
Énorme rappel : Tout ce qui vient d’être écrit est basé sur ma réflexion et mon expérience. En aucun cas cela ne doit être lu comme des vérités absolues. La sécurité, le déclenchement des secours, la mise en danger de la vie d’autrui sont des sujets qui doivent être réfléchis et tranchés de manière individuelle et personnelle.
Remarque d’Inti : Ces réflexions recoupent exactement les miennes. Penser à la mise en danger de ceux qui pourraient devoir venir nous secourir, c’est envisager l’une des façons de gérer un risque, le transfert. Un risque peut s’accepter (après l’avoir bien évalué), se refuser (on ne fait pas ce qui entraîne ce risque), se réduire (par diverses méthodes préventives)… ou se transférer à quelqu’un d’autre. En l’occurrence, le fait de disposer d’une balise de détresse peut impliquer un tel transfert si l’hypothétique sauvetage à lieu, par exemple, au cours de conditions de mer très viriles.
De ces choix découlent directement notre/votre vie et celles des personnes venant éventuellement nous/vous porter secours.
Les balises GPS sont donc, sans conteste, les meilleures. Choisir une balise classique n’a d’intéressant que le prix à payer. En fonction des critères énoncés plus haut et ce dernier point, nous emportons une balise classique.

Dernièrement des balises sont apparues sur le marché ne fonctionnant pas sur les mêmes systèmes satellites que les GPS ou les classiques décrites ci-dessus. Ces balises permettent également l’envoi de tout un tas de messages. Ni Inti ni moi n’en avons utilisé. Elles sont peut-être une nouveauté intéressante.

Feux de détresse

Les feux de détresse sont un des éléments obligatoires de notre équipement requis par les usages maritimes et les autorités chiliennes pour naviguer.
En plus du côté administratif de la chose, leur utilité est évidente.
Ne pas oublier d’apprendre leur maniement avant d’embarquer.
Dans la partie concernant les balises de détresse, j’ai déjà mentionné un des intérêts de ces feux de détresse.

Eolienne, batterie et connectiques

Ce chapitre est particulièrement intéressant et la question se pose à chaque nouvelle expédition. Avons-nous besoin d’électricité et si oui, comment la produire ?
A cette question nous avons décidé de répondre oui. Oui, non pas pour notre confort personnel, quoi que, mais pour répondre à notre envie de rapporter des images et de communiquer pendant le voyage.
Nous avons décidé qu’il était important de pouvoir utiliser le téléphone satellite hors de la stricte raison de sécurité, un appareil photo numérique et une caméra, elle aussi numérique.
Une fois cette décision prise, Thomas Michel, s’est proposé pour étudier notre cas.
Je n’en dirais pas plus, il a rédigé tout un article sur les choix qu’il a fait pour nous après de nombreux tests. Nous lui faisons totalement confiance et… encore une fois merci !

Miroir

Anodin, ce petit ustensile est vraiment efficace pour se faire repérer lorsqu’il y a un minimum de soleil. Un minimum de soleil ?…
Remarque d’Inti : Je compte bien m’en servir également pour correctement me peigner.

ÉCRIT

Stylos, crayons de papier et cahiers

Stylos à plume et feutres à proscrire. Si le papier se mouille, le mieux pour que l’encre ne bave pas ce sont les stylos à bille et les crayons. Les crayons sont de toute façon indispensables pour écrire sur les cartes.



IMAGES

Pour toute cette partie, sachez que nous recherchons un soutien en particulier en ce qui concerne les pellicules, si quelqu’un connaît des gens chez Fuji ou Kodak par exemple, n’hésitez pas à nous contacter.
Nous aurons 2 appareils photo, un argentique et un numérique.

Appareil photo argentique

L’appareil argentique doit répondre à des critères de qualité, de solidité et d’autonomie énergétique. Il doit pouvoir fonctionner sans pile.
Le modèle retenu est le FM2 de chez Nikon. Il a fait ses preuves en accompagnant notamment tous les reporters durant la guerre du Vietnam. Pour des raisons financières et d’opportunité sur le marché de l’occasion, c’est le modèle FM que je me suis procuré. Le FM est le « FM1 » de la série.
Je l’ai accompagné d’un 50, d’un 24 et d’un 200, tous en focale fixe, plus robustes et moins sensibles à l’humidité.

Pellicules

Nous emporterons entre 60 et 100 pellicules couleurs 400 ISO.
J’hésite encore sur le modèle à choisir, si vous avez des suggestions.

Sac de protection

A ma connaisance, il n’existe pas de caisson ou de sac étanche pour les appareils à avance de film mécanique. Il existe par contre dans le commerce, des sacs plastiques qui permettent de protéger un minimum l’appareil des intempéries.
Ces sacs peuvent se bricoler avec un sac poubelle transparent et quelques élastiques.

Appareil photo numérique

Le numérique nous permettra de prendre des photos dans des conditions où l’utilisation de l’appareil argentique sera difficile, particulièrement en mer, et de les diffuser rapidement lorsque nous aurons un contact Internet. Le modèle de vait être le plus compact possible mais donnant la possibilité de régler vitesse, diaphragme et mise au point manuellement.
Le modèle retenu est le G10 de chez Canon.

Caisson étanche

A l’inverse du FM, il existe un caisson spécialement adapté pour le G10. Nous aurons donc ce caisson et l’appareil sera rangé en permanence sur le pont, ce qui répond à notre exigence de volume.
Je n’ai pas pris de sac étanche pour appareil photo car ils sont finalement aussi encombrant que les caissons et ne protègent pas des chocs.

Caméra

Notre choix n’est pas encore fixé. Le dilemme est simple : une bonne caméra pour avoir une qualité d’image appréciable, une moins bonne caméra pour ne pas être déçus lorsque celle-ci tombera en panne victime de la météo.
Ajoutons à cela le prix, bien évidemment, et le volume.
Toute aide sera la bienvenue.



TOILETTE ET HYGIÈNE

J’espère pouvoir avant notre départ, rédiger un article sur l’hygiène en expédition.
Ce sera un article de vie, basé sur mon expérience, avançant des anecdotes personnelles vécues seul ou à plusieurs qui donneront un aperçu très « gentlemen » de comment l’on peut se comporter envers l’hygiène lors d’une expédition.
Il posera la question du mythe de l’hygiène dans nos sociétés, de son utilité avérée, de ses bienfaits et, parfois, de l’importance démesurée qu’il a pris dans nos vies.
Bref, ce sera un article absolument pas scientifique, drôle, si possible, et de bon goût certainement.
Remarque d’Inti : Pourvu qu’il n’ait pas le temps d’écrire un tel article ! L’hygiène est un des rares points de divergence majeure entre Alexandre et moi, et je suis navré, navré, navré de constater qu’il alimente la sotte réputation qu’ont les français de se satisfaire d’une hygiène approximative.

Brosse à dents et dentifrice

Médicalement, les problèmes aux dents sont les premières causes d’arrêt d’une expédition. Ce sont des problèmes quasi insolubles pour deux personnes sans connaissances particulières. Ce point est donc le seul impératif réel d’hygiène.
Remarque d’Inti : Ca, c’est que croit Alexandre. Mais s’il a un problème, une bonne pince et je le lui arrangerais, son problème dentaire. Sérieusement cependant, alors que je demandais à ma dentiste quoi prendre pour soigner une éventuelle rage de dents… celle-ci m’a conseillé de prendre avec nous des clous de Girofle.]

Savon et savon mer

Il existe des savons spécial eau de mer. Nous en emporterons un ou deux. Nous emporterons également un savon classique.

Serviette

Jamais utilisé, nous emporterons ces modèles tout petits et prétendument très absorbants, que l’on ne sèche pas avant de remettre dans leur étui. Nous verrons si cela fonctionne toujours après plusieurs mois d’utilisation. En tout cas ces modèles répondent enfin aux attentes que l’on pouvait avoir quant au volume des serviettes.



MÉDICAL

Trousse de secours

Yann Rochas, notre médecin, nous concocte une trousse de secours aux petits oignons malgré le fait qu’il ne devrait pas y avoir d’oignons dedans.
Nous la publierons dès que possible.
En attendant, vous pouvez vous rendre dans la bibliographie où nous présentons quelques manuels clairs, simples et de référence.

Lunettes de soleil

Vous vous souvenez du fameux trou dans la couche d’ozone ? En primaire c’était un grand sujet de disert’. Depuis ces jeunes années, plus rien, j’avais même entendu dire qu’il s’était rétracté…
C’est en allant en Patagonie que j’ai redécouvert l’existence de ce trou. Situé principalement au-dessus du Pôle Sud, bien loin de chez nous, sa mise en avant, en Europe, dans la lutte environnementale était passée de mode. Ses répercussions continuent pourtant d’alarmer la communauté scientifique. Un des principaux sujets des protocoles de Montréal, Londres, Copenhague, Montréal et Pékin, c’est lui, au protocole de Kyoto, encore lui au menu !
La Terre de Feu est la zone habitée la plus proche de cette béance stratosphérique. En parcourant ce bout du monde, j’y ai découvert des affiches étonnantes, affiches relayées par des lois. Par exemple, les enfants sont obligés de se rendre à l’école munis de lunettes de soleil. Les récréations se déroulent dans le préau aux périodes où l’épaisseur d’ozone est la plus faible. Les vitres fumées, qui customisent ici les voitures, ne sont pas des reliques stylistiques d’une admiration pour le film Scarface, mais bien un besoin vital à certaines périodes de l’année, le printemps et l’été particulièrement.
Je cite un des articles publiés sur Wikipedia :
« Les ultraviolets [la couche d’ozone a pour effet d’absorber la plus grande partie du rayonnement solaire ultraviolet] sont des agents mutagènes : ils détériorent l’ADN des cellules, ce qui dérègle leurs activités (ex : cancer) ou les détruit (coup de soleil). Le 9 octobre 2003, au sud du Chili, la couche d’ozone qui avait perdu 50% de son épaisseur habituelle, offrait si peu de protection contre les ultraviolets que ce jour-là, il suffisait de passer cinq minutes dehors sans protection pour attraper un coup de soleil. […] En plus des cancers de la peau, on observe aussi un affaiblissement général du système immunitaire. »
Le sujet des lunettes de soleil devenait donc de première importance pour notre expédition.
Les fabricants sont assez précis sur la protection que propose leur verre. Pour simplifier, on peut estimer que dans de telles conditions, il faut porter un verre de niveau 4, au pire 3 – Sur une échelle de 0 à 4, 4 étant le niveau le plus protecteur. Attention il est interdit d’en porter, en France, au volant car trop foncé –, et que la monture doit bien protéger le pourtour des yeux.
Le fabricant Julbo s’est associé à notre expédition et nous a fourni d’excellentes lunettes répondant à ces critères.
Julbo propose des verres particulièrement intéressants auxquels ils donnent les doux noms de Zebra, Cameleon et Octopus. Ils ont la particularité d’adapter leur niveau de protection en fonction des conditions rencontrées. Peu d’agression et le verre est classé 3, moins foncé, il permet ainsi de retranscrire une bonne luminosité, forte agression et le verre fonce de lui même, se classant ainsi dans une protection de niveau 4. Ce système très pratique est idéal en mer. C’est de ces types de verres que nous nous sommes dotés.
Julbo propose également des verres minéraux, encore plus efficaces pour la protection solaire, mais peut-être trop pour les conditions que nous rencontrerons. Ils sont plutôt utilisés en haute altitude et vont de pair avec des montures de glaciers.



DIVERS

Passeports

En tant que Français, nous avons le droit de rester 3 mois sur le territoire sans aucune formalité autre qu’avoir son passeport en cours de validité. Au Chili, on n’est jamais loin de la frontière argentine, et donc, passer d’un pays à l’autre pour se faire renouveler ses 3 mois, n’est pas très compliqué.
Dans notre cas, nous ne pourrons pas passer en Argentine pour faire viser nos papiers et nous resterons plus de 3 mois sur le territoire. Il faudra donc payer un visa d’environ 100 $ pour obtenir l’autorisation de rester sur le territoire. Les indications divergent d’une administration à l’autre pour savoir où je dois payer cette taxe. Il semblerait, aux dernières nouvelles, que ce soit directement à la douane à notre entrée sur le territoire.

Autorisations

Il faut de nombreuses autorisations pour réaliser le parcours que nous avons défini. Autorisation de la marine chilienne (militaire), autorisation de la capitainerie de départ (civile), autorisation de la CONAF (eaux et forêts chiliens) en raison de la traversée de différentes parcs et réserves, autorisation de la douane, autorisations de…



NOURRITURE

Nourriture

La mise au point d’un régime adapté à nos conditions est en cours et quasiment bouclé.
Il fera l’objet d’un article à part, sa rédaction est en cours.

Matériel de pêche

Nous emporterons du matériel de pêche. Dans la FAQ du 11 janvier 2009, nous avons répondu à une question sur ce sujet.
C’est pas pour rigoler, on ne sait pas.



N’hésitez pas à nous contacter pour nous dire ce que vous pensez de ces choix et nous faire partager votre expérience : contact@patagonia2009.com.